Ceci a été un grand tournant de ma vie d’entrepreneur. Il est dit que vous auriez été la même personne dans cinq ans, n’eût-été les personnes que vous aurez rencontrées et les livres que vous aurez lus. Ce fut bel et bien le cas pour moi, lorsqu’en 2005 un ami m’a prêté le livre de Robert Kiyosaki, « Rich Dad Poor Dad ». Bien que connaissant les notions d’actifs et passifs par mes cours de comptabilité à l’université, je redécouvrais ces concepts sous un tout nouveau jour.
Fidèle à son style non conventionnel, l’auteur écrivait : « vos biens ne sont pas nécessairement des actifs, ils peuvent tout autant être des passifs ». Il introduisait ainsi une façon claire et pratique de regarder aux choses que nous nous procurons au fil du temps, et de leur impact sur notre portefeuille à long terme.
Ceci tranchait brutalement avec tout ce que j’avais appris et entendu jusque-là, depuis mon enfance. Avoir une maison, une voiture, … c’est tout ce que toute personne se doit de faire, car on ne sait jamais. On a entendu souvent dire : dès que je trouve une somme importante, la première chose que je fais c’est de m’acheter une maison. Mais ce que cet homme introduisait était une remise en question totale de cette façon de penser.
Bien que le besoin de posséder maisons, voitures, bijoux, et autres biens de la vie soit légitime, se lancer dans la satisfaction immédiate de ces besoins peut s’avérer économiquement insoutenable. L’entrepreneur apprend qu’il doit avoir un autre regard. Plutôt que de dépenser ses revenus directement dans des biens de consommation, il devrait penser à fructifier d’abord l’argent ou les ressources à sa disposition, pour être en mesure plus tard d’acquérir les agréments dont il a besoin pour vivre.
Mais ceci n’est pas toujours facile à faire, et il y a des risques que les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Car tout le monde aimerait bien avoir plus d’actifs que de passifs. Mais entre vouloir et pouvoir, il y a un grand fossé. Comme qui dirait quelqu’un, la différence entre la théorie et la pratique est plus grande en pratique qu’en théorie.
Sans verser dans de complexes définitions comptables, nous appelons actif tout ce que nous possédons, de tangible ou d’immatériel, et qui d’une manière ou d’une autre nous procure des revenus. Quant au passif, c’est toute chose que nous possédons mais qui ne produit pas de revenus, ou même qui en consomme. Une bonne compréhension pratique des notions d’actifs et de passif est ce qui différencie l’entrepreneur des autres.
Si vous désirez vous lancer dans l’entrepreneuriat (et je vous le recommande vivement), ou même que vous l’êtes déjà, favoriser l’acquisition primordiale des actifs avant les passifs vous assurera un parcours réussi ; certes pas facile, mais durable sur le long terme.
Voici ci-dessous quelques facteurs à prendre en compte si vous voulez vous engager sur cette voie.
C’est d’abord un état d’esprit
Toute somme qui passe par vos mains peut soit finir dans une dépense ou alors être investie, fructifiée et produire plus que sa valeur initiale. Mais tout est question de la vision qu’on a. C’est pourquoi l’entrepreneur a tout intérêt à se former et s’informer continuellement. Il y a bien de choses que nous devons désapprendre (oui, c’est cela le terme), car la sagesse populaire, les connaissances antérieures ne sont pas nécessairement correctes, mais parfois aux antipodes des principes du progrès.
Oublier la sécurité
Comme dit plus haut, certaines personnes, lorsqu’elles obtiennent une somme donnée, pensent se procurer quelque chose qui assure la sécurité. Elles se disent que c’est peut-être leur dernière chance. Mais un entrepreneur sait que la totale sécurité n’existe pas. Il prend des risques, car il est risqué de ne pas en prendre. Choisir d’investir d’abord est un risque ; rien ne garantit que ça marchera.
Différer le plaisir
C’est une des disciplines que se doit de développer tout entrepreneur. En anglais on dit, “pay now and play later or play now and pay later”. C’est accepter de souffrir maintenant pour un peu de temps afin de jouir plus tard, plutôt que l’inverse, que l’on paie souvent plus cher. Dans cette logique, voici une des définitions de l’entrepreneuriat: « Entreprendre c’est accepter de vivre au début une vie dont personne ne veut, pour jouir par la suite d’un standing dont plusieurs rêvent sans pouvoir se l’offrir ».
Créer un effet de levier
Un des bénéfices d’acquérir des actifs, et donc finalement de créer des entités économiques qui les contiennent (entreprises) est de tirer profit des effets de levier que cela procure. Une entreprise est toujours plus à même de générer des revenus et de porter une plus grande responsabilité qu’un simple individu à l’avantage de l’entrepreneur.