Notre beau pays célèbre ce mois sa fête de l’Indépendance, sous le doux soleil de juin. Doit-on fêter ou bien méditer ? Chacun ira de son point de vue. Et c’est là une des particularités de #ChezMoiAuCongo  : c’est qu’on est rarement d’accord sur rien. Pour preuve, le nombre pléthorique de partis politiques, églises, troupes de théâtre, mouvements citoyens… Vous n’êtes pas d’accord ? En voilà une preuve ☺.

Une chose est au moins sûre, c’est que ce pays a une forte vocation économique et des affaires. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les innombrables ressources dont il est doté. Au vu du grand potentiel dont il dispose, ce serait un gaspillage que de ne pas disposer d’une armée d’entrepreneurs dignes de ce nom.

Il n’est pas question des gens qui brassent des sommes parce qu’ils sont liés à une telle personnalité du pouvoir ou d’influence, d’une part, ou même de nombreux autres qui évoluent dans le secteur informel pour de la survie, d’autre part. Ces derniers sont certes à féliciter parfois, mais surtout à encourager pour qu’ils passent à un autre niveau.

Ceux dont il est question ici, c’est cette catégorie d’entrepreneurs qu’on appelle les « capitaines d’industrie » ; « capitaines », à l’instar des meneurs de troupes des équipes de football ou de sport en général, dont le rôle est de motiver et entraîner leurs coéquipiers pour obtenir la victoire.

 

Retour vers le futur

Si nous manquons de nos jours ce type d’hommes ou femmes d’affaires à fort calibre, cela n’a pas toujours été le cas. Notre pays a compté il y a quelques décennies en arrière des entrepreneurs à faire rêver plus d’un aujourd’hui.

Peut-être que dans notre environnement économique actuel dominé en majeure partie par des opérateurs étrangers, on aurait de la peine à s’imaginer qu’il ait existé des nationaux qui ont opéré à un niveau élevé du business. On se demande : où sont-ils passés ?

Cet article n’a pas la prétention de répertorier tous les grands magnats de notre histoire récente. Il existe quelques autres articles un peu plus détaillés à ce propos (voir liens ci-dessous). Nous voulons par contre une interpellation collective, un appel à une réflexion commune.

Que pouvons-nous apprendre de notre passé ? Qu’est-ce qui a mal tourné, pour que cette race de businessmen disparaisse, sans qu’il n’y ait eu une « passation pacifique et civilisée » du bâton-relai d’une génération à une autre ?

Imaginons un instant que ces grands entrepreneurs s’étaient reproduits dans d’autres, quel effet d’entraînement cela aurait apporté sur l’économie nationale ?

Je me rappelle toujours de cette question d’un mentor demandant de citer 10 entreprises congolaises ayant existé depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Ceci demeure un véritable défi.

Ne dit-on pas qu’un peuple qui oublie son passé est obligé de le répéter ? Que devons-nous faire différemment pour que la classe entrepreneuriale qui a tendance à émerger aujourd’hui ne reproduise pas les erreurs du passé ?

 

Des noms de renom

Toutefois, nous n’avons aucune prétention à porter un jugement sur nos prédécesseurs dans l’arène, mais plutôt à en tirer des leçons. En réalité, nous avons beaucoup à apprendre d’eux. C’était de braves gens, courageux, visionnaires, des pionniers ayant débuté à partir de rien ou presque pour la plupart.

Prenez l’exemple de Dokolo Sanu Augustin. Ce compatriote, s’était lancé dans les affaires peu avant l’indépendance, étant arrivé à créer au début des années 70 la première banque à capitaux privés en Afrique subsaharienne. Cette banque (la NBK), apprend-t-on, serait à cette époque mieux implantée et mieux informatisée que la Banque Centrale. Quel exploit ! Sans compter ses autres multiples investissements dans plusieurs autres domaines stratégiques.

Mais il n’est pas le seul. Que dire des patrons comme les Ngunza « Bonanza », Lusakivana, Fontshi avec ses avions, Lengelo avec ses ampoules Lengsram que nous avions connues, Kalonji Nsenda (Kansebu) dans l’alimentaire, Jeannot Bemba (Groupe GB, Scibe)… ? Quelques-uns sont encore en vie, derniers survivants d’une ère révolue : Ngezayo, Kinduelo…

 

Vision politique

Une chose est sûre, aucune de ces histoires ne ressemble à une autre, de même que les raisons de leur disparition. Les causes internes et/ou externes sont également multiples.

Néanmoins, la plupart de ces personnes et leurs entreprises ont souffert d’un mauvais environnement marqué par un manque de vision politique, qui a amené soit à leur spoliation, soit à des pillages dont ils ont souffert, sans pouvoir se relever.

Bientôt sera la fête anniversaire de l’indépendance, et à cette occasion, nous célébrons souvent les héros politiques de cette indépendance. Pourtant, ces derniers nous ont montré le chemin, disant : la vraie indépendance n’est pas politique, mais économique. Et ce pays a eu sa part de ces « unsung heroes », ces héros qui sont passés dans les oubliettes de l’histoire. Qui parle encore de Dokolo, de Fontshi, de Lengelo, de Lusakivana, de Kansebu et tant d’autres ? Quelle place de l’histoire du pays leur est-il réservée dans le système éducatif, ou dans l’imaginaire collectif ?

La politique  ne développe pas un pays.  L’Etat crée seulement un cadre propice pour permettre aux opérateurs privés de créer de la richesse. Ce cadre c’est aussi la reconnaissance des héros, des champions passés de notre économie nationale.

Ensuite, mettre en place des conditions pour éviter les méfaits du passé et ne pas étouffer les initiatives privées actuelles. Il faudrait aussi être intentionnel, avec une volonté affirmée et matérialisée d’accompagner les acteurs locaux, pour arriver ainsi à « créer des millionnaires congolais ».

 

Bonne fête de l’indépendance économique !