Vous avez certainement entendu cette expression, et sûrement l’avez-vous déjà utilisée vous-même. Parlant à quelqu’un à qui vous proposez une piste donnée, vous lui dites : « Cher (chère) ami(e), c’est un conseil gratuit ». Cependant, ce n’est pas parce que votre interlocuteur est libre de l’utiliser ou pas que le conseil est « gratuit ». L’idée qu’il y a véritablement derrière la gratuité du conseil est que, fondamentalement, un conseil n’est pas gratuit. En réalité, vous êtes en train de lui dire : « Mon ami(e), c’est une faveur que je te fais en te montrant cette piste ; en réalité, tu devais me payer pour ça ! ».

Oui, un conseil est normalement payant ; car il a de la valeur. Cette valeur est d’abord fonction de la personne qui prodigue ce conseil, de sa compétence et aussi de son expérience et sa perspicacité. Il est vrai que de nos jours, avec les réseaux sociaux et la liberté d’expression qui va avec, tout le monde ou presque a le droit de donner son avis sur tous les sujets ou presque. Parle-t-on politique ? Tout le monde a son avis. S’agit-il du domaine médical, tout le monde a son mot à dire. Est-ce que c’est le sport ? Chacun devient coach. Est-ce un problème de couples, voici les conseillers conjugaux de tous bords ; et ainsi de suite.

 

Question de qualité

Ainsi donc, au vu du tableau ci-dessus, il faut se méfier de tous les conseils « gratuits » qui circulent à l’air libre. Comme on le dit souvent, si quelque chose est gratuit, eh ben, faites attention, car c’est vous qui risquez d’être la marchandise. Ce n’est pas parce que c’est gratuit qu’il faut se ruer dessus. Quand c’est gratuit, il y a de fortes chances que ce soit de moindre qualité.

Par ailleurs, s’il y a bien un conseil à suivre, c’est qu’il ne faut pas accepter tous les conseils ni non plus rejeter tous les conseils. Vous devrez trier entre tout ce qui est disponible pour en tirer le meilleur parti. Et pour cela, il faut bien des astuces pour mieux s’y prendre. Pour chaque situation, savoir peser le pour et le contre, faire une anticipation sur les conséquences possibles de l’un ou de l’autre choix, et aussi avoir une paix intérieure quant à l’option choisie et surtout l’assumer ; car, même si vous avez des conseillers, la décision finale sera toujours vôtre. 

 

Récompense gratuite

J’ai l’habitude de dire qu’un entrepreneur a une façon de réfléchir qui est différente de monsieur ou madame tout le monde. En d’autres termes, il n’a pas la mentalité de seulement prendre, mais il sait aussi entreprendre (d’où le terme entrepreneur). Entre prendre et entreprendre, son choix est clair 😊. Devant un conseil gratuit, il n’hésitera pas à le prendre, si et seulement si ce dernier répond aux critères. Mais il ne s’arrêtera pas à le prendre ; il ira un cran plus loin. Il voudra aussi récompenser ce conseil car celui-ci lui aura apporté une plus-value.

Il ne s’agit pas ici de payer le conseil reçu, mais plutôt de le récompenser. Je me rappelle une certaine époque où je faisais des traductions juridiques. Le jargon était tellement technique que je n’y comprenais pas grand-chose (saviez-vous que des termes comme ‘exploit’, ‘grosse’… ont des significations loin de ce à quoi vous pouvez penser à priori). Je faisais alors recours à un ami juriste pour qu’il m’aide à comprendre le document et en faciliter la traduction. Cet ami le faisait gratuitement, il me donnait des conseils gratuits. Mais à la fin, lorsque je recevais mes paiements, je m’obligeais à lui donner quelque chose, ou lui acheter du crédit de communication… C’est vrai que ça pouvait le gêner, mais ce qui importait pour moi, c’est que je m’efforçais de reconnaître et de récompenser son apport.

Certaines organisations appliquent également ce principe, à l’exemple de celles qui utilisent des « volontaires ». Ces volontaires offrent gracieusement leur temps et expertise pour une cause donnée. En retour, ils ne recevront pas un salaire. Cependant, les organisations qui les utilisent leur versent quelque chose, non seulement pour leur faciliter le travail, mais c’est surtout une façon d’encourager leur acte volontaire.

 

Eveiller les talents

Avec l’expérience, j’ai remarqué que certains amis que je récompensais ainsi venaient tout à coup à réaliser que leurs connaissances ou compétences pouvaient être commerçables. Et certains se sont lancés dans le « conseil payant » selon leur domaine. Oui, c’est vrai que dans ce cas-là, moi je bénéficie toujours des tarifs préférentiels. Mais au moins, cela aura contribué à éveiller en eux un sens de valeur à partager et à valoriser.